Pauline Bigotte, France

Warscapes Corona Notebooks

C'est comme si le temps s'était suspendu,

le jour et la nuit semblent se confondre

les voix d'hommes ne résonnent plus,

il n'y a plus de mouvements,

plus d'agitation fiévreuse.

Règne le silence,

le silence qui s'écoute,

et le chaos, qui se redéfinit dans un lointain écho de dystopie.

C'est comme si le temps s'était suspendu,

et pourtant il s'écoule bel et bien,

la Terre continue de faire sa révolution autour du soleil.

Dehors, le Printemps est en train de naître,

la terre respire et la nature revit de la désertion de l'homme.

Le monde n'est pas à nous, il ne l'a jamais été.

Alors qu'une nouvelle saison fleurie, nos esprits aussi peuvent-ils fleurir?

Je suis seule dans cette attente que je ne peux pas fuir.

Face à mes envers et mes endroits, toutes les émotions affluent

et avec elles tous mes regrets.

Mais je sais, je sais que je dois rester hors du néant,

lire, écrire, regarder, créer

et réinventer mes liens avec les autres, avec les miens.

Seuls nos corps sont enfermés – espoir de l'humanité,

la parole ne sera jamais rompue.

J'ai rêvé que j'étais sur une place,

il y avait des lions s'échappant de leurs cages,

et une foule de personnes s'était regroupée pour regarder ce spectacle incroyable:

des lions en liberté dans la ville.

Et plus les gens se rapprochaient, plus les cages désormais vides volaient en éclats.

Et moi, moi j'allais à contre-courant,

luttant pour me frayer un passage,

en criant « mais vous êtes fous, vous êtes trop proches, vous êtes fous ».

Je n'ai pas peur du maintenant, j'ai peur de l'après,

des traces que laissera cette lutte silencieuse.

Pour la première fois, j'ai peur de l'après.

Je n'ai aucune certitudes,

je ne peux qu'espérer,

espérer le bruit, les voix, la lumière,

espérer que la vie éclatera furieusement.

 

Translation from French into English by Pauline Bigotte

It's like time was suspended,

day and night seem to merge,

the voices of men no longer resonate,

there is no more movement,

no more feverish agitation.

Silence reigns,

a silence that listens,

and chaos, redefining itself in a distant echo of dystopia.

It's like time was suspended,

and yet it still flows,

the Earth is still revolving around the sun.

Outside, Spring is about to bloom,

the earth breathes and nature comes back to life because of the desertion of men.

The world is not ours, it never was.

As a new season is blooming, can our minds also bloom ?

I'm alone in this waiting that I can't run away from.

Facing myself, all the emotions flow

and with them all my regrets.

But I know, I know that I must stay out of the void,

read, write, gaze, create,

and reinvent my bonds with others, with my dear ones.

Only our bodies are locked up – hope of humanity,

speech will never be broken.

I dreamed that I was in a public place,

there were lions escaping from their cages,

and a crowd of people had gathered to watch this incredible spectacle :

lions roaming free in the city.

And the closer people got, the more the now empty cages shattered.

And me, I was going against the tide,

struggling to clear my way,

shouting « but you're crazy, you're too close, you're crazy ».

I'm not afraid of now, I'm afraid of after,

of the marks that this silent struggle will leave.

For the first time, I'm afraid of the future.

I have no certainties,

I can only hope,

hope for the noise, the voices, the light,

hope that life will break out furiously.

 

Pauline Bigotte is from France. She has a Master’s degree in filmmaking from Paris 8 University with a specialty in experimental cinema. Her first film La Perle Noire was part of the Short Film Corner at the 2016 Cannes Film Festival. She’s an art lover, a passionate reader and writes poetry.

 

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